Témoignage de Jeannine Lamousse
samedi 24 juin 2006
Première rencontre avec Alice à Amnesty International. Elle vint plusieurs fois mais un membre du groupe déclara : "Dommage, mais cette dame ne restera pas chez nous". Par la suite, elle a gardé de très bonnes relations avec le groupe.
Puis Alice a "découvert" Nicole, elle l’a choisie, elle l’a gardée "parce que c’était moi, parce que c’était elle".
A Bellerive, nous étions nombreux à l’atelier mémoire-expression. Puis le réseau s’installa rue Voltaire. J’y suis allée en 1994 pour la mémoire et l’écriture. Devant le nombre de personnes, les locaux furent rapidement insuffisants. Le réseau bénéficia de locaux avenue des Célestins grâce à la mairie de Vichy. A cette époque, de nombreux ateliers virent le jour.
Alice voulait aider tous les gens, les comprendre, les aimer. Elle a lutté contre l’ignorance, l’indifférence, la solitude et toutes formes de racisme. Elle a lutté contre le "défaitisme", la peur d’apprendre et de ne pas savoir. Elle a donné de l’amitié, de la compréhension, le respect d’eux-mêmes parce qu’elle les respectait. Elle valorisait les autres. En fait c’était la reconnaissance de l’autre, de l’être humain.
Elle aimait ses enfants, ses petits-enfants, sa famille du Nord, Nicole et bien d’autres.
Elle aimait les chats, sa maison, ses voisines, son jardin, les arts (peinture, architecture, littérature), le musique folklorique et d’ailleurs.
Elle respectait la nature et veillait à sa sauvegarde (papier recyclé, produits chimiques).
Elle était Citoyen du monde, faisait partie de l’Association des crématistes et sans doute de bien d’autres associations. Comment parler d’elle ? Connaît-on vraiment les personnes, même si on les aime. Ce qu’elle a fait et créé à Vichy parle pour elle et ceux qui l’ont connue gardent à jamais son souvenir.
Les fêtes du réseau, entre autres à Grand Cossange, étaient de vrais plaisirs. Chants, danses, déguisements, théâtre, nourriture de choix, tout concourait à en faire des réussites : la fête italienne, le carnaval (une année Nicole était en Vénitienne et Alice en gondolier), la fête de fin d’année, etc.
Et puis il y avait le travail des ateliers. A l’écriture Alice nous a fait raconter nos souvenirs d’enfance. Au cours d’un voyage à Chadrac pour la Route des Savoirs, elle a fait la connaissance d’un imprimeur. Un petit livre intitulé "Auvergne passionnément" a été édité et vendu à La Page à Vichy. Puis nous avons fait le concours de Milly-la-Forêt et avons eu toutes un prix d’honneur. Alice avait écrit joliment "le petit bout de tissu" et la "serfouette".
Rue Voltaire, nous faisions la journée continue avec l’atelier d’écriture. Chacun apportait quelque chose de bon (même Pierre) et la petite-fille d’Alice, Marie-Noëlle, venait partager notre repas avec son fils Théo.
Moi je faisais aussi de l’anglais avec Jeanne. Claude et Guy de la calligraphie. Nous prenions le thé. C’était charmant.
Puis les Echanges de Savoirs Alice Couzinet s’installèrent rue de Roumanie. Tout continue comme avant : les fêtes, les puces, les petits voyages, les conférences, le travail des ateliers. Je pense au travail d’Alice, à son dévouement, son allant, sa soif de vivre, son courage face à la maladie. Je la revois chez elle, dans sa maison, dans son jardin. Nous étions dans la joie. Je la revois à l’hôpital. Nous étions dans la peine.
Mais n’a-t-elle pas souhaité à l’ultime moment que tout continue, comme avant !
Alice avec nous et nous avec elle.
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